La Liberté

Un avantage pour les femmes

Les plaques en carbone dans les chaussures sont un atout pour les poids légers

Hans Leuenberger

Publié le 22.07.2022

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Athlétisme » C’est avant tout l’entraînement qui permet aux sprinters et sprinteuses de progresser. Mais ils profitent aussi de l’évolution du matériel, avec ces fameuses plaques de carbone glissées dans les semelles des nouvelles chaussures. Surtout les femmes. Les performances en sprint s’améliorent de manière frappante depuis quelques années – et pas seulement au niveau international. La «course à l’armement» des équipementiers a conduit à l’intégration de plaques de carbone dans les pointes.

World Athletics, la Fédération internationale, a certes édicté des règlements pour empêcher la présence de «minitrampolines» cachés dans la semelle. Mais l’effet d’amélioration des performances est tout de même démontrable. «Celui qui est plus léger en profite davantage», constate tout d’abord Adrian Rothenbühler. L’entraîneur suisse de l’année 2019, ancien décathlonien et formateur à Macolin, est un interlocuteur de premier choix lorsqu’il est question de théorie de l’entraînement, de force ou de condition physique.

La phase de «vol»

Le coach des sœurs Kambundji a donc de la chance: les femmes de poids léger profitent davantage de ces nouvelles chaussures que les hommes, plus lourds. Aux mondiaux d’Eugene, dix femmes sont ainsi passées sous la barre des 11 secondes sur 100 m, alors que seuls quatre hommes ont été chronométrés sous les 10 secondes. «Les nouvelles chaussures apportent plus dans la deuxième phase de la course que lors de l’accélération», constate également Adrien Rothenbühler. Ce n’est en effet que lorsque la phase de «vol» commence que l’effet des plaques de carbone se fait pleinement ressentir.

Voilà pour la théorie. Dans la pratique, seul celui ou celle qui adapte son style de course peut aller plus vite. La position du pied doit être modifiée afin que l’énergie soit renvoyée dans le sens de la course lorsque le pied quitte le sol, comme un ressort. Mujinga Kambundji n’a ainsi pas réussi à s’adapter du premier coup, comme le montrent les analyses de l’année olympique 2021. A Tokyo, selon Adrien Rothenbühler, elle avait été la première des finalistes du 100 m à atteindre sa vitesse maximale, et sa vitesse de pointe était la 3e plus élevée. Mais elle n’avait terminé «que» 6e.

Technique plus efficace

La position de ses pieds ne lui avait pas permis de tirer le meilleur profit de ces pointes. Mais cette année, sa technique de course est devenue plus efficace et mieux adaptée aux chaussures. Outre sa 5e place mondiale sur 100 m, la reconquête du record de Suisse sur 100 m (10’’89) et l’amélioration de son record du 200 m en deux étapes (22’’18 et 22’’05) en sont la preuve. «A chaque entraînement, nous veillons à ce que la position des pieds soit correcte et à ce que Mujinga ne tombe pas dans un schéma de jogging, même lors de séances décontractées», souligne Rothenbühler, qui ajoute une mise en garde: selon lui, l’agressivité des nouvelles chaussures comporte des risques de blessure supplémentaires. «Le tendon d’Achille et la chaîne musculaire postérieure dans son ensemble sont encore plus sollicités», explique le technicien bernois. «Dans l’entraînement de force, nous avons donc procédé à l’une ou l’autre adaptation.»

Au début d’un développement technique, seuls ceux qui sont également sous contrat avec l’équipementier le plus avancé dans son projet en profitent. En l’année olympique 2021, nombreux sont ceux qui s’étaient d’ailleurs demandé s’ils étaient équipés au mieux. Laurent Meuwly, coach d’Ajla del Ponte, rassure: «L’équivalence en matière de pointes est établie. Chaque athlète de chaque marque y a désormais accès.» Le Fribourgeois, qui a fait de Lea Sprunger la championne d’Europe 2018 du 400 m haies, évoque par ailleurs un troisième constat: «Plus la distance est longue, plus on profite de la chaussure». ats

Classements

Eugene (USA). Championnats du monde. Finales. Dames. 3000 m steeple: 1. Norah Jeruto (KAZ) 8’53’’02. 2. Werkuha Getachew (ETH) 8’54’’61. 3. Mekides Abebe (ETH) 8’56’’08. Disque: 1. Feng Bin (Chine) 69m12. 2. Sandra Perkovic (CRO) 68m45. 3. Valarie Allman (USA) 68m30.

Séries. Dames. 400 m haies. Demi-finales: 1. Sydney McLaughlin (USA) 52’’17. Puis: 24. Yasmin Giger (SUI) 56’’31.

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