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Législatives françaises: Attal, Bardella et Bompard croisent le fer

Le président du Rassemblement national Jordan Bardella (gauche), le Premier ministre Gabriel Attal (centre) et le coordinateur de la France Insoumise Manuel Bompard (droite) encore souriants au lancement du débat, à cinq jours des législatives. © KEYSTONE/AP/Dimitar Dilkoff
Le président du Rassemblement national Jordan Bardella (gauche), le Premier ministre Gabriel Attal (centre) et le coordinateur de la France Insoumise Manuel Bompard (droite) encore souriants au lancement du débat, à cinq jours des législatives. © KEYSTONE/AP/Dimitar Dilkoff


Publié le 25.06.2024


Gabriel Attal, Jordan Bardella et Manuel Bompard se sont écharpés d'entrée de jeu sur la défense du pouvoir d'achat et les retraites mardi soir sur TF1. Selon les sondages, l'extrême droite caracole en tête à cinq jours du premier tour d'élections législatives.

"On peut agir pour le pouvoir d'achat", a lancé d'emblée le président du Rassemblement national, qui a fait de ce sujet son cheval de bataille avec notamment une promesse de baisse immédiate de la TVA à 5,5% sur les carburants, l'électricité et le gaz.

"Combien ça coûte et comment vous le financez ?", a riposté le Premier ministre, se posant en défenseur du sérieux budgétaire pour ce premier grand affrontement télévisé entre les trois blocs, dans la dernière ligne droite de cette campagne éclair.

"J'ai pas envie de leur faire croire à la lune", a ajouté Gabriel Attal, en proposant de son côté des mesures pour "gagner plus et dépenser moins".

Smic, salaires, retraites

Le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard a renvoyé ses deux adversaires dans les cordes, accusant ironiquement Jordan Bardella, "le futur Premier ministre du pouvoir d'achat", d'avoir "petit à petit abandonné l'ensemble des mesures pour y répondre".

"Vous avez gorgé les plus riches de ce pays", a-t-il ajouté, visant Gabriel Attal et appelant à augmenter le SMIC et les salaires.

Les trois hommes se sont aussi affrontés sur le sujet des retraites, M. Bardella et M. Bompard souhaitant revenir sur la réforme portant à 64 ans l'âge légal de départ. Mais l'échange a tourné à une passe d'armes peu audible, M. Bardella évoquant un possible départ à 66 ans pour un Français ayant commencé à travailler à 24 ans.

Après son succès aux européennes, le RN domine les sondages du premier tour, à 36% des intentions de vote selon un sondage Ifop-Fiducial pour LCI, Le Figaro et Sud Radio, et peut caresser l'ambition d'une accession au pouvoir historique. Il devance la coalition de gauche Nouveau Front populaire (28,5%) et le camp présidentiel (21%).

"Guerre civile"

Rien, jusqu'ici, n'a semblé casser la dynamique du candidat RN au poste de Premier ministre: ni le flou de son camp autour des retraites, ni son refus affiché d'être nommé à Matignon s'il n'obtient pas de majorité absolue à l'issue du second tour le 7 juillet - un "refus d'obstacle", avait taclé Gabriel Attal.

Dans le camp présidentiel, Emmanuel Macron multiplie les interventions dans la campagne, en dépit des mises en garde de ses alliés et de sa chute de popularité après sa décision controversée de dissoudre l'Assemblée nationale le 9 juin.

Les programmes des "extrêmes" mènent "à la guerre civile", a lancé le chef de l'Etat dans un podcast diffusé lundi. "Il nous a fait ça dans toutes les campagnes", a répondu Marine Le Pen sur RTL, affectant la sérénité, tandis que Jean-Luc Mélenchon accusait Emmanuel Macron d'être "toujours là pour mettre le feu".

Face au RN, quelque 200 personnalités socialistes, écologistes et macronistes ont appelé dans Le Monde la droite, le centre et la gauche à "afficher clairement dès maintenant" un accord de désistement en vue du second tour.

"En se bouchant le nez"

"Nous verrons au cas par cas", a répondu Manon Aubry (LFI), interrogée sur Sud Radio sur les désistements de candidats LFI arrivant en troisième position. Les macronistes, eux, temporisent aussi: les ténors du camp présidentiel ont discuté mardi de la "stratégie de la campagne" et ont semblé se diriger vers un mot d'ordre "ni RN, ni LFI" au second tour des législatives, même si Emmanuel Macron n'a pas encore tranché.

Dans le magazine Challenges, l'ex-ministre socialiste et ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn, retiré de la vie politique depuis l'affaire du Sofitel de New York, a de son côté appelé à "éliminer le candidat d'extrême droite" au second tour, quitte à voter LFI "en se bouchant le nez".

Mais les Insoumis sont aussi englués dans des querelles intestines avec ses anciens cadres - Alexis Corbière, Raquel Garrido, Danielle Simonnet - accusés d'utiliser indument le logo du parti durant le campagne. Mardi, les tribunaux judiciaires de Paris et de Bobigny se sont déclarés incompétents pour déterminer si les candidats dissidents étaient dans leur droit.

ats, afp

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