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«Tapettes»: Un député fribourgeois dérape sur Facebook après la victoire de Nemo

Le député broyard UDF Ivan Thévoz a traité les homosexuels de «tapettes» sur Facebook, en réaction à la victoire du Suisse Nemo à l’Eurovision.

Le Biennois Nemo a remporté l’Eurovision avec sa chanson The Code, qui célèbre sa non-binarité. © Keystone
Le Biennois Nemo a remporté l’Eurovision avec sa chanson The Code, qui célèbre sa non-binarité. © Keystone

Chantal Rouleau

Publié le 15.05.2024

Temps de lecture estimé : 4 minutes

La victoire de Nemo à l’Eurovision le week-end dernier apporte son lot de réactions. Le Biennois qui se définit comme une personne non binaire (son identité de genre ressentie échappe à une binarité homme femme) attise les passions, notamment sur les réseaux sociaux. Le député fribourgeois Ivan Thévoz, président de l’Union démocratique fédérale (UDF) Fribourg et faisant partie du groupe UDC au Grand Conseil, a tenu sur Facebook des propos qui pourraient être considérés comme choquants, voire discriminatoires.

«L’Eurovision ou la dégénérescence d’une société qui n’a plus aucun repère. Que j’ai honte de cette Suisse qui n’est pas la mienne», écrit-il en partageant avec ses contacts une publication concernant le concours européen. Dans les commentaires, quelqu’un lui propose d’aller plutôt voir les fêtes de lutte suisse. Ce à quoi l’élu répond: «Au moins lors des fêtes de lutte suisse, il n’y a que peu de tapettes.»

Contacté par La Liberté, l’élu broyard reconnaît qu’il n’aurait pas dû avoir de tels propos. Il a d’ailleurs effacé sa publication après notre appel. «L’utilisation du mot tapette était une erreur. Néanmoins, lorsque je vois tous les commentaires sur cette victoire de l’Eurovision, je vois bien le malaise profond de toute une partie de la population, qui est le mien également», remarque-t-il, donnant comme exemples les propos tenus par le président du Gouvernement bernois Philippe Müller ou de Ségolène Royal. «Ils ont aussi attaqué cette mascarade, ce qui me conforte dans mon idée que ce concours est véritablement le signe de la dégénérescence de notre société n’ayant plus ni queue ni tête.»

«J’ai une vision qui prône la vie et leurs agissements ne me conviennent pas»
Ivan Thévoz

Ivan Thévoz assure être conscient qu’en tant que personnalité politique, il doit se montrer exemplaire. «Je le répète: j’ai eu tort d’utiliser ces mots sur les réseaux sociaux, ce n’était pas forcément digne d’un chrétien», consent-il en ajoutant: «Je déplore toutefois que l’on ne puisse plus rien dire de nos jours. J’ai beaucoup de compassion pour les homosexuels et tous ces gens qui ont une nature pas forcément comme la mienne. J’ai toutefois une vision qui prône la vie et leurs agissements ne me conviennent pas.»

Conséquences légales

Un élu n’est pas soumis à des règles particulières concernant ce qu’il dit en public ou sur les réseaux sociaux. «Les propos n’ayant pas été tenus au Grand Conseil, ils ne sont pas couverts par l’immunité prévue par la Constitution. Il pourrait y avoir une sanction populaire mais cela appartient aux électeurs et électrices», indique Samuel Russier, secrétaire général de la Direction fribourgeoise des institutions, de l’agriculture et des forêts (DIAF).

Du point de vue légal, tenir des propos jugés discriminatoires peut avoir des conséquences. Sans se prononcer sur ce cas particulier, le Ministère public fribourgeois informe que quiconque «abaisse ou discrimine publiquement d’une façon qui porte atteinte à la dignité humaine une personne ou un groupe de personnes en raison de leur appartenance raciale, ethnique ou religieuse ou de leur orientation sexuelle» est puni par le Code pénal d’une peine privative de liberté de trois ans au plus ou d’une peine pécuniaire.

Pour qu’il y ait une infraction, l’auteur doit avoir agi publiquement. Une publication sur Facebook, même si elle est restreinte aux contacts de la personne qui publie, est-elle considérée comme publique? Répondant toujours de manière générale, le Ministère public précise que «sont considérés comme privés les propos qui ont lieu dans le cercle familial ou des amis ou dans un environnement de relations personnelles ou de confiance particulière».

Il n’est en outre pas nécessaire qu’une plainte soit déposée pour qu’il y ait une poursuite. «L’infraction est poursuivie d’office, c’est-à-dire qu’elle peut être poursuivie sitôt qu’une autorité pénale en a pris connaissance», souligne le Ministère public.

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