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Apprentissage: les jeunes requérants peinent à trouver leur place

Une place d’apprentissage permet aux jeunes personnes réfugiées de s’intégrer rapidement, même si l’accès à l’emploi reste semé d’embûches.

Bien qu’une place d’apprentissage soit un véritable «vecteur d’intégration», il est parfois difficile pour les personnes réfugiées d’y avoir accès. © Héloïse Hess
Bien qu’une place d’apprentissage soit un véritable «vecteur d’intégration», il est parfois difficile pour les personnes réfugiées d’y avoir accès. © Héloïse Hess

Franck Descloux

Publié le 03.11.2023

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Témoignages » Obtenir une place d’apprentissage en tant que personne réfugiée en Suisse ne se fait pas sans difficultés. Avoir un travail stable est pourtant souvent un vecteur d’intégration. Sathuja Yogarasa, 21 ans, est arrivée en Suisse en 2016: «Mon père y était déjà établi depuis 2009, à cause de la guerre civile sri-lankaise», débute-t-elle. La famille est réunie, mais elle doit déménager constamment avant de trouver un logement adéquat à Courtepin. Sathuja Yogarasa a pu poursuivre sa scolarité au cycle d’orientation (CO) après avoir passé des examens de maths et d’anglais: «Grâce à cela et à mon niveau de français plutôt correct, j’ai pu intégrer une classe de 10année générale», poursuit la jeune femme.

Une fois le cycle d’orientation terminé, Sathuja Yogarasa commence un cursus en école professionnelle. Elle a finalement trouvé un stage en tant qu’assistante dentaire qui lui a tout de suite plu: «C’est un domaine d’activité qui me convient bien», confie-t-elle.

Stress dans la précarité

Mina Nawozi, 18 ans, est également arrivée en Suisse en 2016. Avec sa famille, elle a été placée en centre d’hébergement pour requérants d’asile à Estavayer-le-Lac, où elle a fait ses 7e et 8e années Harmos (école primaire) avant d’aller au CO de Domdidier: «J’ai eu quelques difficultés en français au début, mais j’ai la chance d’avoir de la facilité dans l’apprentissage des langues», estime la jeune femme.

«Je peux, malgré un parcours de vie difficile, prendre confiance en moi»
Sathuja Yogarasa

Mina Nawozi pointe le stress de ne pas voir sa situation administrative régularisée: «J’avais 11 ans, et on n’est pas censé se poser ce genre de questions.» Mais la jeune femme venue d’Afghanistan a ensuite remarqué, lors de ses recherches de places d’apprentissage, que son statut précaire posait problème à certains employeurs: «C’est décourageant, mais cela a renforcé ma volonté de démontrer ce dont j’étais capable. Il est possible d’arriver à ses fins de cette façon», estime-t-elle.

Organisations sociales

Face à de telles situations, des organisations, comme Caritas, proposent leur aide pour aiguiller au mieux les personnes réfugiées: «Une collaboratrice suit le parcours administratif de réfugiés entre 16 et 25 ans», explique Matthieu Cattin. Le responsable d’équipe à Caritas Suisse ajoute que chaque jeune est suivi par un conseiller dans la recherche d’une place d’apprentissage. C’est un bon «vecteur d’intégration», assure-t-il.

Un point de vue que corrobore Mina Nawozi: «Cela dépend du métier, mais avoir un emploi favorise les échanges et on se confronte à d’autres manières de penser», estime la jeune femme en citant l’exemple du salon de coiffure dans lequel elle travaille. Pour Sathuja Yogarasa, en plus de l’aspect social, l’acquisition de nouvelles compétences au quotidien est importante: «Cela me sert pour plus tard et je peux, malgré un parcours de vie difficile, prendre confiance en moi», confie l’apprentie.

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