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Une offensive sur Rafah conduirait à une "catastrophe colossale"

Des véhicules militaires israéliens se sont rassemblés près de la frontière avec la bande de Gaza. © KEYSTONE/EPA/ABIR SULTAN
Des véhicules militaires israéliens se sont rassemblés près de la frontière avec la bande de Gaza. © KEYSTONE/EPA/ABIR SULTAN
Selon l'ONU, environ 110'000 personnes ont fui Rafah depuis qu'Israël a appelé lundi la population de l'est de la ville à évacuer. © KEYSTONE/EPA/MOHAMMED SABER
Selon l'ONU, environ 110'000 personnes ont fui Rafah depuis qu'Israël a appelé lundi la population de l'est de la ville à évacuer. © KEYSTONE/EPA/MOHAMMED SABER
Selon l'ONU, environ 110'000 personnes ont fui Rafah depuis qu'Israël a appelé lundi la population de l'est de la ville à évacuer. © KEYSTONE/EPA/MOHAMMED SABER
Selon l'ONU, environ 110'000 personnes ont fui Rafah depuis qu'Israël a appelé lundi la population de l'est de la ville à évacuer. © KEYSTONE/EPA/MOHAMMED SABER


Publié le 10.05.2024


Une offensive terrestre israélienne sur Rafah conduirait à une "catastrophe humanitaire colossale", a prévenu vendredi le secrétaire général de l'ONU. Les opérations militaires israélienne paralysent l'entrée de l'aide dans la bande de Gaza.

Pendant ce temps, une majorité écrasante de l'Assemblée générale de l'ONU a jugé vendredi que les Palestiniens mériteraient d'être membres à part entière de l'organisation, leur octroyant quelques droits supplémentaires à défaut d'une véritable adhésion bloquée par les Etats-Unis.

Ce vote symbolique a provoqué la colère d'Israël. "La violence paie", a réagi le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, pour qui ce vote récompense le mouvement islamiste Hamas pour son attaque du 7 octobre sur Israël. L'Autorité palestinienne a pour sa part salué la résolution de l'ONU, dont "la Palestine mérite d'être membre à part entière".

Pas d'accord sur une trêve

Après plus de sept mois de combats et de bombardements israéliens incessants, des pourparlers indirects visant à arracher une trêve et à éviter une offensive majeure sur Rafah se sont achevés jeudi au Caire sans parvenir à un accord.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a assuré qu'Israël se battrait "seul" après la menace lancée pour la première fois par le président américain, Joe Biden, de cesser certaines livraisons d'armes à son allié en cas d'offensive sur la ville.

Une telle opération à Rafah conduirait à une "catastrophe humanitaire colossale", a averti le chef de l'ONU Antonio Guterres, ajoutant que la famine se profilait dans le territoire palestinien.

Tôt vendredi, des correspondants de l'AFP ont signalé des tirs d'artillerie sur cette ville, la dernière du sud de Gaza avant la frontière égyptienne et où s'entassent quelque 1,4 million de Palestiniens.

Selon l'ONU, environ 110'000 personnes ont fui depuis qu'Israël a appelé lundi la population de l'est de la ville à évacuer. "Quelque 30'000 personnes fuient la ville chaque jour", a indiqué à Genève le responsable du bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) pour Gaza, Georgios Petropoulos, dont la plupart "ont déjà dû se déplacer à cinq ou six reprises" depuis le début de la guerre.

"Extrêmement difficile"

Des témoins ont aussi fait état vendredi de frappes aériennes et de combats dans la ville de Gaza, où quatre soldats ont été tués par un "engin explosif", selon l'armée, portant à 271 le nombre de militaires tués depuis le lancement de l'offensive israélienne au sol fin octobre.

Cela fait des mois que M. Netanyahu brandit la menace d'une offensive d'ampleur sur Rafah pour vaincre les derniers bataillons du Hamas qui y sont selon lui regroupés, faisant redouter une aggravation de la crise humanitaire dans le territoire assiégé.

Défiant les mises en garde internationales, l'armée mène depuis mardi des incursions dans l'est de Rafah et a pris le contrôle du passage frontalier avec l'Egypte, verrouillant une porte d'entrée névralgique pour les convois d'aide humanitaire.

L'armée a indiqué vendredi poursuivre son "opération antiterroriste de précision" dans certains secteurs de l'est de Rafah, et avoir "éliminé des cellules terroristes lors de combats rapprochés et de frappes aériennes du côté gazaoui du passage frontalier".

Malgré la réouverture mercredi du passage de Kerem Shalom, voisin de Rafah, fermé par Israël pendant trois jours après des tirs de roquettes revendiqués par le Hamas, l'acheminement de l'aide reste "extrêmement difficile", a affirmé à l'AFP Andrea De Domenico, le chef du bureau de l'agence humanitaire des Nations unies (Ocha) dans les territoires palestiniens.

A Genève, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a pour sa part appelé "toutes les parties" au conflit à ne pas s'en prendre aux rares points de passage de l'aide humanitaire dans l'étroite bande côtière.

Appel à la "flexibilité"

L'Egypte a exhorté vendredi le Hamas et Israël à faire preuve de "flexibilité", afin de parvenir rapidement à un accord pour "mettre fin à la tragédie humanitaire" à Gaza.

Après le départ jeudi du Caire des délégations des deux camps, les efforts des pays médiateurs (Egypte, Qatar, Etats-Unis) "se poursuivent" en vue d'une trêve, selon le média Al-Qahera News, proche du renseignement égyptien.

Pour le Hamas, le "rejet par Israël" de la dernière proposition de trêve ramène les négociations "à la case départ". Lundi, le mouvement islamiste avait donné son feu vert à une proposition de trêve en trois phases de 42 jours chacune selon lui, incluant un retrait israélien de Gaza ainsi qu'un échange d'otages israéliens et de prisonniers palestiniens, en vue d'un "cessez-le-feu permanent".

Mais Israël s'oppose à un cessez-le-feu définitif tant que le Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne, ne sera pas vaincu.

ats, afp

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