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Inflexible, Macron veut "tendre la main" aux syndicats

"Il faut continuer à tendre la main aux forces syndicales", estime Emmanuel Macron (archives). © KEYSTONE/EPA/STEPHANIE LECOCQ
"Il faut continuer à tendre la main aux forces syndicales", estime Emmanuel Macron (archives). © KEYSTONE/EPA/STEPHANIE LECOCQ
"Il faut continuer à tendre la main aux forces syndicales", estime Emmanuel Macron (archives). © KEYSTONE/EPA/STEPHANIE LECOCQ
"Il faut continuer à tendre la main aux forces syndicales", estime Emmanuel Macron (archives). © KEYSTONE/EPA/STEPHANIE LECOCQ


Publié le 27.03.2023


Englué dans la crise, Emmanuel Macron a assuré lundi vouloir "continuer à tendre la main" aux syndicats, sans toutefois remettre en cause sa réforme des retraites. Cela à la veille d'une dixième journée de mobilisation sur fond de polémique sur les violences.

Inflexible sur le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans rejeté unanimement par les syndicats, le chef de l'Etat a réaffirmé devant les ténors du gouvernement et les dirigeants de son camp réunis pour un déjeuner à l'Elysée sa volonté d'aplanir la situation.

"Il faut continuer à tendre la main aux forces syndicales", a-t-il dit selon des propos rapportés par un participant.

Mais le président veut leur parler des conditions de travail - de la pénibilité à l'emploi des seniors en passant par les reconversions -, sans accéder à la demande du secrétaire général de la CFDT Laurent Berger de mettre sur "pause" la réforme pendant six mois.

Or, le leader syndical a de nouveau prévenu lundi: il n'acceptera cette "main tendue" que si le gouvernement met "de côté pour l'instant la réforme".

Il a assuré à l'AFP avoir formulé la même réponse au secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler, qui l'a appelé la semaine dernière pour "échanger sur l'ambiance".

"De fait, le texte est en pause le temps de l'examen par le Conseil constitutionnel", a expliqué le participant au déjeuner élyséen, jugeant que l'idée était de "mettre à profit" ce délai de trois à quatre semaines pour "évoquer ces sujets" annexes.

Apaiser le pays

Élisabeth Borne avait dit à l'AFP se fixer deux objectifs: "Apaiser le pays face à ces tensions et accélérer les réponses aux attentes des Français."

Pour ce faire, elle a ouvert lundi une séquence de consultations étalées sur trois semaines, avec les parlementaires, les partis politiques, les représentants d'élus locaux et les partenaires sociaux s'ils le souhaitent.

Ce "plan d'action" a d'abord été détaillé à Emmanuel Macron puis aux cadres de la majorité relative et quelques membres de gouvernement.

Selon le même participant au déjeuner à l'Elysée, le président "lui a demandé d'essayer d'élargir la majorité en menant des consultations aux bords de la majorité actuelle", texte par texte, partant du constat qu'il serait difficile d'embarquer des formations politiques entières ou de bâtir une coalition stable.

Dans cette réunion, la Première ministre a dit vouloir "proposer un contrat de méthode" aux contours encore flous.

La France insoumise visée

Emmanuel Macron s'en est par ailleurs pris à La France insoumise, l'accusant de vouloir "délégitimer l'ordre raisonnable" et les "institutions", et de préparer la "délégitimation du Conseil constitutionnel" au cas où il validerait la réforme.

Il a aussi appelé à "condamner les violences de manière très très ferme", selon ce participant. Dans l'immédiat, les syndicats, unis contre la réforme, préparent une nouvelle journée d'actions, la 10e contre le texte.

Selon une source policière, le renseignement territorial estime que "650'000 à 900'000 personnes défileront partout en France mardi, dont 70'000 à 100'000 personnes à Paris".

Une autre source policière prévoit "un doublement, voire un triplement" de la présence des jeunes dans les cortèges, notamment mobilisés sur la question des violences policières.

Les précédentes manifestations ont été émaillées d'incidents violents, avec 457 interpellations et 441 policiers et gendarmes blessés, le 23 mars.

Une enquête judiciaire a notamment été ouverte après les menaces et intimidations proférées par des policiers contre de jeunes manifestants à Paris et révélées dans un enregistrement sonore.

Dizaines de blessés à Sainte-Soline

Alors que le Conseil de l'Europe a parlé d'un "usage excessif de la force", le terrain des affrontements s'est déplacé samedi à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, où une manifestation contre les bassines a fait des dizaines de blessés du côté des forces de l'ordre comme des manifestants. Deux manifestants étaient entre la vie et la mort lundi.

Le 23 mars, les manifestations ont rassemblé en France entre 1,09 million (Beauvau) et 3,5 millions (CGT). L'exécutif s'attendait à une décrue de la contestation.

Le Louvre fermé

Lundi matin, le musée du Louvre n'a pas ouvert ses portes, bloqué par des salariés du musée, et d'autres sites culturels. Plusieurs barrages filtrants, notamment devant la centrale nucléaire de Golfech (Tarn-et-Garonne) ont aussi été installés et plus de 15% des stations-services de France étaient à court d'essence ou de gazole, l'Ouest étant encore plus touché.

Du côté des universités, le syndicat L'Alternative a annoncé que 62 universités et écoles étaient mobilisées, dont Paris-Dauphine bloquée pour la première fois depuis le début du mouvement.

Mardi, quelque 30% des professeurs du primaire seront en grève selon le SNUipp-FSU, principal syndicat du primaire.

La grève s'annonce très suivie dans les transports, notamment en Ile-de-France: si toutes les lignes de métro seront ouvertes bon an mal an, 40% des trains seront supprimés sur les lignes A et B du RER. Le trafic SNCF sera "fortement perturbé", avec 3 TGV sur 5 en moyenne.

A Paris, les éboueurs sont en grève depuis plus de 20 jours et 7.300 tonnes de déchets sont toujours amoncelées dans les rues, alors que deux des trois sites d'incinération étaient toujours bloqués lundi.

ats, afp

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