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Terrasses et spectacles sur la sellette

Le coronavirus regagne du terrain. Le Conseil fédéral pourrait freiner ou réduire certaines ouvertures

Les terrasses des établissements publics pourraient ne pas rouvrir le 22 mars. © Keystone-archive
Les terrasses des établissements publics pourraient ne pas rouvrir le 22 mars. © Keystone-archive

Philippe Boeglin

Publié le 17.03.2021

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Pandémie » Ce vendredi est attendu avec impatience. Après des semaines de semi-confinement dû à la pandémie de Covid-19, le Conseil fédéral devrait annoncer de nouveaux assouplissements à l’issue de sa séance hebdomadaire. Il fait miroiter, entre autres, la réouverture des terrasses des restaurants et des bars, une hausse de cinq à dix personnes pour les réunions privées, ainsi que le retour progressif du public pour les spectacles culturels et le sport professionnel.

Cette bouffée d’air frais pourrait néanmoins se révéler plus mince qu’escompté. Autrement dit, le Conseil fédéral pourrait freiner certains assouplissements, apprend-on à Berne. En cause: la recrudescence de l’épidémie, accompagnée de l’extension des variants plus contagieux du coronavirus.

Pas une sinécure

La tâche du gouvernement n’aura rien d’une sinécure, car la pression est considérable. De nombreux milieux économiques, les partis de droite et plusieurs cantons réclament de tenir le plan de déconfinement prévu, voire d’accélérer le tempo. A nouveau, le Conseil fédéral devra se faufiler entre les différents intérêts et réalités.

Jouera-t-il la prudence au vu de la fragile situation épidémiologique, en réduisant les ouvertures? Ou accordera-t-il tout le programme présenté la semaine dernière? Tout dépendra de la dynamique propre de la séance gouvernementale.

Dans les chiffres, le redémarrage du virus se dessine progressivement. Le ministre de la Santé Alain Berset a évoqué une troisième vague épidémique, et la remontée de la propagation s’illustre dans les quatre critères choisis par le Conseil fédéral. Deux indicateurs sur quatre (nombre R de reproduction du virus, incidence) restent dans le rouge ces derniers jours, tandis qu’un troisième (taux de positivité des tests) fluctue en dessus ou en dessous du seuil – au moment où nous écrivons. Seule l’occupation des soins intensifs hospitaliers présente, pour l’heure, un tableau plus rassurant.

Les chiffres du Covid-19 dans le canton de Fribourg

Liberté de décision

Le gouvernement a dit et redit que ces quatre valeurs ne lui lient pas les mains, et qu’il garde toute sa liberté de décision. Mais le fait est que «ces critères ne sont pas là pour faire joli», résume un haut fonctionnaire. Et leur état, loin du beau fixe, s’ajoute à la croissance ininterrompue des variants plus contagieux du coronavirus (l’ensemble des variants forme plus de 80% des cas). Dans le même temps, cette tendance est tempérée par l’avancée de la campagne de vaccination.

Différents scénarios sont plausibles pour le Conseil fédéral. L’un d’eux consisterait à repousser d’une semaine l’ensemble des mesures envisagées, et qui sont censées entrer en vigueur lundi 22 mars. «Cette option est moins prisée», entend-on à Berne.

Une autre variante reviendrait à rouvrir certaines activités, mais pas toutes. Sur la sellette: les terrasses des restaurants et des bars, ainsi que le retour du public pour la culture et le sport professionnel (50 personnes à l’intérieur, 150 à l’extérieur). Ces dispositions pourraient tout bonnement être gelées pour l’instant. Ou alors revues à la baisse. Reste à déterminer sous quelle forme et dans quelle ampleur.

A l’inverse, une mesure est bien partie pour résister ce vendredi: le passage à dix personnes pour les réunions privées. L’actuel plafond à cinq personnes complique clairement la vie sociale de tout un chacun, et particulièrement des familles. Cela pourrait amener le Conseil fédéral à faire un geste.

Tout le monde en a marre des restrictions, mais le gouvernement doit prendre ses responsabilités

Une troisième issue semble plausible selon des acteurs proches du dossier: maintenir le plan d’ouvertures ébauché la semaine passée, et faire écho aux organisations patronales, à la droite, et à de nombreux cantons.

Dans le cas où l’exécutif maintiendrait sa politique de prudence, il s’exposerait à une nouvelle volée de bois vert venue des milieux économiques et de certains partis politiques, avant tout le PLR et l’UDC. «Tout le monde en a marre des restrictions, mais le gouvernement doit prendre ses responsabilités», glisse-t-on au sein de l’administration fédérale.

Prudence des pays voisins

Le contexte dans les pays voisins n’engage pas à ouvrir les vannes. L’Italie, la France, l’Allemagne: tous observent des recrudescences et pensent à reconfiner, s’ils ne l’ont déjà fait. Chez nous, le ministre de la Santé Alain Berset a sans détour évoqué une 3e vague, rappelant les scénarios émis par les épidémiologistes et la task force.

Il devient toujours plus évident que la sortie de crise tient à une grande opération: la vaccination de la population et des personnes à risque, soit les seniors et les malades chroniques. Les injections progressent, mais les difficultés de production et de livraison des fabricants ralentissent la manœuvre. L’impatience monte chez certains. Le bout du tunnel se rapproche, mais ne sera pas atteint en deux claquements de doigts.

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