La Liberté

Médiation suisse improbable

Sanctions et manifestation de soutien, Berne affiche sa solidarité avec l’Ukraine

Valérie Favez

Publié le 04.04.2022

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Guerre en Ukraine » Les chances que Berne puisse encore jouer le rôle de médiateur dans le cadre de la guerre en Ukraine sont faibles, a indiqué l’ancien ambassadeur suisse à Moscou, Yves Rossier, dans la SonntagsZeitung. Depuis le début de la guerre, la Suisse a proposé ses bons offices. Mais il semble que la Turquie assume désormais ce rôle, puisqu’elle accueille des discussions entre des représentants ukrainiens et russes.

La Turquie a habilement manœuvré, selon Yves Rossier. La Suisse, en revanche, figure sur la liste russe des «Etats hostiles». Une médiation suisse semble donc improbable. Il doute en outre du bénéfice direct des sanctions prises. Les sanctions n’ont jusqu’à présent conduit nulle part à une détente – ni en Iran, ni en Syrie, ni en Corée du Nord.

Le diplomate concède cependant que les sanctions auront un effet à moyen et long terme, d’autant plus que la guerre coûte cher à Moscou. Le fait que la Russie exige avec tant de véhémence la levée des sanctions comme condition de paix dans les négociations avec l’Ukraine montre qu’elle est sous pression financière et économique. Mais les sanctions contre les oligarques russes n’ont guère d’effet sur les décisions du Kremlin, selon Yves Rossier.

En Suisse, les cantons ont annoncé à la Confédération dix biens immobiliers appartenant à des oligarques russes sanctionnés. Le Secrétariat d’Etat à l’économie (seco) a confirmé à Keystone-ATS l’information de la NZZ am Sonntag. Le porte-parole n’a toutefois pas voulu préciser dans quels cantons les maisons et appartements se trouvent.

Selon le journal dominical, Genève et Berne sont concernés. Tous les immeubles signalés sont désormais bloqués, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent plus être ni vendus ni loués, selon la loi sur les embargos.

Grande manif à Berne

Samedi, près de 10 000 personnes ont manifesté à Berne pour la paix en Ukraine. Elles ont exigé un cessez-le-feu et le retrait des troupes russes ainsi qu’une enquête internationale sur les crimes de guerre et les violations des droits humains.

Les participants ont également demandé un accueil généreux et non discriminatoire des réfugiés en Suisse. La situation des femmes a été particulièrement soulignée, car la guerre et les déplacements qui en découlent augmentent le risque de violences sexuelles.

Dans une interview dans Le Temps, l’ancienne procureure internationale Carla Del Ponte a appelé la Cour pénale internationale (CPI) à émettre rapidement un mandat d’arrêt à l’encontre du président russe Vladimir Poutine. Selon elle, «Poutine est un criminel de guerre».

Le Parquet de la CPI, basée à La Haye, a ouvert le 3 mars une enquête préliminaire sur de possibles crimes de guerre en Ukraine. Kiev n’est pas signataire du traité du statut de Rome qui a institué la CPI en 1998, mais a reconnu en 2014 l’autorité de celle-ci pour les crimes commis sur son territoire. La Russie a retiré en 2016 sa signature de ce traité.

Surveillance augmentée

Après l’attaque de la Russie contre l’Ukraine, l’armée suisse a augmenté ses capacités dans le domaine cyber et dans le service de police aérienne, a indiqué son chef Thomas Süssli dans un entretien à la Schweiz am Wochenende paru samedi. En cas de menace accrue, la Suisse pourrait défendre son espace aérien pendant un mois, a-t-il déclaré.

Le chef de l’armée a toutefois rassuré: pour l’instant, la Suisse n’est pas menacée militairement. Il n’y a pas de signes en ce sens, même si le risque est plus élevé qu’auparavant. Il a fait la même observation quant à une escalade nucléaire. ATS

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