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Elle fut la première au gouvernement

Elisabeth Kopp est décédée à 86 ans. La radicale avait démissionné en 1989 à la suite d’un scandale

Christian Rovere

Publié le 15.04.2023

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Politique » Celle qui fut la première femme élue au Conseil fédéral, Elisabeth Kopp, est décédée à l’âge de 86 ans. La Zurichoise «est décédée le Vendredi-Saint des suites d’une longue maladie», a fait savoir la Chancellerie fédérale vendredi. Elle s’est éteinte dans sa commune de Zumikon (ZH), a-t-elle précisé à Keystone-ATS. Depuis cette annonce, de nombreuses personnalités ont salué une «pionnière» en matière d’égalité entre hommes et femmes.

Son élection au Conseil fédéral, le 2 octobre 1984, est un jalon pour l’égalité hommes femmes en Suisse, écrivent les autorités. Treize ans après l’introduction du droit de vote des femmes, elle fut la première à faire son entrée au gouvernement du pays.

Elisabeth Kopp a dirigé le Département fédéral de justice et police (DFJP) avec compétence et engagement, peut-on encore lire dans le communiqué. La radicale s’était engagée pour un traitement plus rapide des demandes d’asile. Elle s’était également opposée à l’initiative populaire «pour la limitation de l’immigration», rejetée par le peuple en 1988.

Membre du Parti radical-démocratique (PRD), Elisabeth Kopp a aussi œuvré en faveur de la condition féminine, notamment en s’impliquant pour le nouveau droit matrimonial.

Coup de téléphone fatal

La carrière de la Zurichoise a cependant été entachée à l’automne 1988, suite à un appel téléphonique à son mari, Hans W. Kopp, au cours duquel elle lui demande de «se retirer d’une société en raison d’une éventuelle implication dans une affaire de blanchiment d’argent», rappelle le communiqué. Un scandale s’ensuit.

La politicienne annonce en décembre sa démission pour le début de l’année 1989. Elisabeth Kopp a toujours nié toute faute morale et juridique. Une commission d’enquête parlementaire (CEP) a été chargée de faire la lumière sur l’affaire. Elle conclut que les autorités fédérales ne sont infiltrées ni par la corruption, ni par le crime organisé.

En février 1990, Elisabeth Kopp est acquittée de l’accusation de violation du secret de fonction par le Tribunal fédéral. L’affaire a fait l’objet d’un film et de plusieurs livres, dont un, Lettres, écrit par Elisabeth Kopp elle-même. Elle y décrivait «l’enfer» vécu après le coup de téléphone fatal et expliquait sa conception des événements.

Après sa démission, la Zurichoise s’est retirée dans un premier temps de la vie publique, avant de revenir ponctuellement s’exprimer sur des sujets qui lui tiennent à cœur, précise la Chancellerie fédérale. Elle a ainsi soutenu l’introduction de l’assurance-maternité en 2004.

De nombreuses personnalités politiques et des organisations féminines ont rendu hommage à son engagement pour l’égalité. Alliance F a rappelé qu’elle était encore engagée à plus de 80 ans en tant que soutien d’«Helvetia appelle», le mouvement non partisan des femmes en politique.

Le président de la Confédération Alain Berset a salué vendredi la mémoire de l’ancienne conseillère fédérale. La Zurichoise «a joué un rôle clé dans la modernisation du droit civil, marquant un jalon important pour l’égalité», a écrit l’élusocialiste sur Twitter. Son élection a aussi encouragé de nombreuses femmes à s’engager en politique, ajoute le Fribourgeois.

«La Suisse a perdu une grande personnalité», a renchéri le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis. L’actuelle ministre de la Justice, Elisabeth Baume-Schneider, a quant à elle salué «une pionnière pour les femmes en politique». «C’est grâce à des femmes comme vous que des femmes comme moi peuvent faire de la politique aujourd’hui», a renchéri la conseillère nationale Tamara Funiciello. «Nous avons réussi à fissurer ce plafond de verre grâce à des personnalités féminines comme vous», a ajouté l’élue socialiste bernoise.

Le parti d’Elisabeth Kopp, devenu le PLR, «perd un de ses plus éminents membres, une femme qui aura marqué l’histoire de la Suisse», a souligné son vice-président Philippe Nantermod. Le président Thierry Burkart a lui salué une «politicienne charismatique et pionnière de l’égalité».

Juriste de formation, Elisabeth Kopp avait commencé sa carrière politique à l’Exécutif de Zumikon. C’est là qu’elle a habité ces 59 dernières années. Son mari est décédé en 2009. Ils avaient une fille et trois petites-filles. ATS

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