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Les écrans, c’est la classe?

Très débattu, le numérique à l’école inspire autant d’espoirs que d’inquiétude

Les écrans, c’est la classe?
Les écrans, c’est la classe?

Yvan Pierri et Elsa Rohrbasser

Publié le 01.03.2021

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Education » En janvier dernier, un collectif anonyme d’enseignants vaudois, sceptique face à la numérisation croissante du système scolaire, a publié un dossier de revendications. On y trouve des mises en garde au sujet de l’impact cognitif et pédagogique du numérique. La pandémie ayant plus que jamais mis les nouvelles technologies au centre de l’enseignement, les avertissements du collectif questionnent ce que certains voient déjà comme l’enseignement de demain.

Bien que le Covid ait accéléré la tendance, le recours grandissant aux ordinateurs, tablettes et autres panneaux interactifs n’est pourtant pas un phénomène récent. Et pour certains, cette évolution, à l’aune d’une société toujours plus numérique, est logique: «L’intégration des nouvelles technologies à l’école est incontournable. Il faut développer les compétences numériques des élèves dès le départ», affirme Pierre-François Coen, chercheur à la Haute Ecole pédagogique de Fribourg.

Le numérique ne se contente pas d’accompagner l’enseignement mais en fait désormais partie intégrante: «Nous avons un dossier avec certains objectifs, comme écrire son prénom à l’ordinateur ou savoir l’éteindre et l’allumer», explique Joy Menétrey, 24 ans, enseignante en 1-2H dans une école primaire de la Glâne. Cette sensibilisation au numérique évolue au fil des années scolaires: «Cette année, il est prévu de travailler avec des programmes comme Microsoft 365. Des cours de prévention sur les dangers des réseaux sociaux ou sur une utilisation sécurisée des ordinateurs sont aussi prévus», explique pour sa part Délia Favre, 26 ans, en charge d’une classe de 8H.

Délia Favre reste néanmoins prudente: «J’évite au maximum d’utiliser les outils numériques. Les enfants sont déjà beaucoup sur les écrans à la maison.» Une critique souvent formulée au sujet de la numérisation du système scolaire, notamment par le collectif vaudois qui craint une surexposition nocive des étudiants aux écrans. Un reproche que nuance Pierre-François Coen: «Le rapport au numérique ne passe pas forcément par les écrans; ça peut aussi se faire à travers l’écoute de podcasts ou l’éducation aux médias et à des phénomènes comme les fake news

Un progrès qui inquiète

D’autres craignent les retombées d’un futur tout numérique: «Je pense qu’il y a une part de mystère autour de ce thème, qui suscite la peur», estime Joy Menétrey. Le numérique ne convainc pas encore totalement, bien que certains y voient le futur de la pédagogie. «C’est autant un poison qu’une chose miraculeuse. Tout dépend de ce que l’on en fait. On essaie de développer un esprit critique chez les étudiants pour qu’ils utilisent le numérique à bon escient», relativise Pierre-François Coen. Dans un monde en pleine transition, le sujet inspire autant d’enthousiasme que de méfiance.

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