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«Tout le pourtour de la Russie craque»

Publié le 26.09.2022

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Ex-URSS » Avec ce qui est ressenti comme un affaiblissement de Moscou en Ukraine, les tensions se sont multipliées ces derniers jours dans le Caucase et en Asie centrale.

Les tensions se sont multipliées ces derniers jours dans le Caucase et en Asie centrale, où la puissance tutélaire de Moscou apparaît affaiblie par les difficultés militaires qu’elle rencontre en Ukraine. «Tout le pourtour de la Russie est en train de craquer», assène une source diplomatique européenne sous couvert d’anonymat.

«On sent bien qu’elle est en incapacité de contrôler ses marches», ajoute-t-elle. «Le pouvoir russe s’affaiblit dans les régions frontalières», abonde Ben Dubow, chercheur associé au centre de réflexion américain CEPA.

Moscou joue gros dans ces terres qui bordent le sud de la Russie de part et d’autre de la Caspienne, entre la Chine à l’est et la Turquie à l’ouest, deux autres acteurs clés dans la zone. Lors du récent sommet de l’organisation de la coopération de Shanghaï (OCS) à Samarcande, en Ouzbékistan, le président russe Vladimir Poutine s’est retrouvé sous la pression de ses partenaires, notamment chinois et indien, qui ont fait part de leurs inquiétudes ou de leurs doutes sur la guerre en Ukraine.

Plusieurs pays d’Asie centrale ont du reste autorisé des manifestations de soutien à l’Ukraine. Avant la guerre, dans ces régions, «l’idée était fortement ancrée que la Russie ne pouvait être défaite», relève Murat Aslan, chercheur au centre d’études turc Seta, basé à Ankara.

«Si la Russie perd, tout va changer […] Nous devrions nous attendre à voir éclore plusieurs conflits de petite échelle», estime-t-il, prévoyant un déclin progressif de l’influence russe.

Au contraire, «si elle gagne militairement, elle aura un énorme levier psychologique pour montrer qu’elle est encore en mesure d’imposer ses vues», prévient-il.

Deux conflits non réglés se sont réveillés ces dernières semaines dans les anciennes républiques soviétiques, celui entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et celui entre le Kirghizistan et le Tadjikistan, faisant des centaines de morts.

Dans cet espace post-soviétique, «ces frontières qui n’étaient pas censées être internationales, mais des séparations administratives s’inscrivant dans un seul ensemble, sont devenues des frontières internationales», souligne Isabella Damiani, géographe spécialiste de l’Asie centrale à l’Université de Versailles. Par exemple, «presque la moitié de la frontière entre le Tadjikistan et le Kirghizistan n’est pas encore tracée. C’est la base du problème», rappelle-t-elle.

Si la tension entre le Tadjikistan et le Kirghizistan «n’a pas forcément de lien avec la situation de la Russie en Ukraine», estime Michaël Levystone, spécialiste de la Russie et l’Asie centrale à l’Institut français des relations internationales (IFRI), «il y a plus clairement un lien sur la situation entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie».

Ici, «on a une poche de conflit très sérieux», abonde la source diplomatique. Quoi qu’il en soit, «il va falloir surveiller ce qui va se passer» en Arménie avec les manifestations remettant en cause l’organisation du traité de sécurité collective (OTSC), la structure sécuritaire régionale mise en place par Moscou, prévient M. Levystone. ats/afp

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