Odette Schafer, Saint-Aubin
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La lectrice en Liberté
Battante » «Mais je n’ai rien à dire moi!» n’a eu de cesse de protester Odette, cette infatigable globe-trotteuse qui suivait il y a plus de 60 ans son mari Robert dans une mission à Taïwan, où elle vit naître deux de ses trois fils. Et ce n’est que la partie immergée de ces huit décennies d’audace qui font de cette éternelle battante, désormais veuve, un pilier pour ses six petits-enfants. Rien à dire, Odette? Jugez plutôt.
Odette, dans quel monde avez-vous grandi?
Enfant, on passait beaucoup de temps au village ou dans la nature. Il faut dire qu’il n’y avait pas la même mobilité, alors on se réjouissait quand on avait la visite des oncles ou des tantes par exemple. Les liens familiaux étaient plus évidents, j’ai l’impression, et il me semble que les gens étaient moins pressés.
Et la petite Odette d’autrefois, quel était son rêve?
J’aurais voulu apprendre, étudier, mais à l’époque la seule perspective pour les filles était de devenir institutrice, et encore! Quand je vois tout ce que les jeunes savent aujourd’hui, j’ai l’impression de ne rien savoir.
Et pourtant vous avez vu du pays, comme on dit. A ce propos, le plus bel endroit que vous ayez visité?
Le Japon, quand on est retourné en Chine avec Robert pour les 25 ans de l’école. On a ensuite visité la Corée du Sud et l’Inde, mais j’ai été impressionnée par le savoir-vivre des Japonais. Je me souviens que je disais à Robert de cacher sa carte parce que tout le monde venait nous demander si on avait besoin d’aide!
Parlez-nous du jour où vous êtes devenue adulte…
Je crois que c’est à la mort de ma fille, Catherine, à l’âge de treize mois. Il m’a fallu des années pour le comprendre, mais je pense que j’ai fait une dépression sans m’en apercevoir. Aujourd’hui il y a un psychologue derrière chaque gosse, mais à l’époque, on se sortait de ça tout seul.
Odette, qu’est-ce qui vous rend heureuse?
Etre en vie! (rires) Et en santé. Et j’ai la chance d’être bien entourée par mes amis et mes petits-enfants, qui ont été très présents quand Robert est parti…
Vous pouvez remonter le temps. Où allez-vous?
A Paris évidemment. J’aurais aimé l’époque d’avant Louis XVI. J’adore Paris, j’aime les histoires des quartiers, les vieux théâtres, les spectacles… D’ailleurs, j’ai vu Le Roi lion quatre fois, je l’ai vu avec tous mes petits-enfants et chaque fois avec la même émotion!
Votre mot de la fin?
Optimisme! Sans ça on est fichu… (rires) Ae