Chronique: Ici, la vie ne pousse plus
Angélique Eggenschwiler
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On a pensé aux linges propres. Aux petits savons. On a mis la clim en marche et assorti le couvre-lit aux rideaux brodés. C’est chic, bohème, il y a du parquet d’époque et des abat-jour en coton. On se croirait dans un magasin Ikea, à une poignée de boulettes de viande et trois cents clients en train de reluquer votre table basse près. On s’y sent bien, dans cette location à quatre étoiles sur Airbnb. On y ajoutera une cinquième.
L’appartement les vaut avec ses moulures baroques et sa vue sur le vieux bourg. Tout est mignon, lisse, à sa place. Il y a des capsules à côté de la machine à café et des lettres en carton sur le mur. C’est là qu’on l’aperçoit.
Personne ne l’arrose parce que personne ne se sent vraiment responsable
Jaune et chétif dans sa faïence fendue par la chaleur. Plus une feuille, des tiges malingres et une terre craquelée qui fait bloc autour des racines. Ce qu’il en reste. Le pauvre n’a plus vu une goutte d’eau depuis Noël. Personne ne l’arrose