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Un Afghan libéré de Guantanamo accueilli en héros chez lui

Asadullah Haroon, coiffé d'un turban noir à la mode talibane et avec des guirlandes multicolores accrochées autour du cou, a été accueilli par des dirigeants talibans. © KEYSTONE/EPA/STR
Asadullah Haroon, coiffé d'un turban noir à la mode talibane et avec des guirlandes multicolores accrochées autour du cou, a été accueilli par des dirigeants talibans. © KEYSTONE/EPA/STR


Publié le 25.06.2022


Un Afghan libéré de la prison militaire américaine de Guantanamo après quinze années de détention est rentré samedi dans son pays. Il y a été accueilli en héros.

Asadullah Haroon, dont la libération a été annoncée vendredi, était emprisonné depuis juin 2007 sur la base navale américaine de Guantanamo, sur l'île de Cuba, sans avoir été inculpé d'aucun crime. Il avait été arrêté en 2006 à la frontière aghano-pakistanaise et était accusé par les Américains d'être un commandant du mouvement islamiste Hezb-i-Islami et un messager d'Al-Qaïda.

"Ma première question, c'est: sur la base de quelles preuves j'ai été emprisonné à Guantanamo?", a-t-il déclaré devant des journalistes, sur le tarmac de l'aéroport de Kaboul. "Ma famille et mes amis ont souffert", a-t-il ajouté, coiffé d'un turban noir à la mode talibane, et avec des guirlandes multicolores accrochées autour du cou.

Un peu plus tôt, les autorités avaient publié une photo de lui dans un avion privé venant du Qatar en compagnie de hauts responsables talibans. Plusieurs posters géants de M. Haroon avaient été suspendus aux lampadaires de la route principale menant à l'aéroport.

"Torture blanche"

Dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont envoyé à Guantanamo des centaines d'hommes soupçonnés de liens avec Al-Qaïda, qualifiés d'"ennemis combattants" et privés de droits. Cette prison est devenue tristement célèbre pour ses méthodes d'interrogation brutales, qualifiées par beaucoup de torture.

Le pire, "ce n'était pas les mauvais traitements physiques, mais le stress mental augmentant de jour en jour", a expliqué M. Haroon. "Nous appelions ça: la torture blanche".

Ses parents proches vivent, avec le statut de réfugiés, à Peshawar, dans l'ouest du Pakistan, à la frontière avec l'Afghanistan. Ils avaient fui là après l'invasion de leur pays par l'Union soviétique en 1979.

Un dernier Afghan à Guantanamo

"C'est comme (la fête musulmane de) l'Aïd dans notre maison, comme un mariage. Ce sont des moments remplis d'émotion pour nous", avait raconté vendredi à l'AFP son frère, Roman Khan, quand sa famille a appris qu'il avait été libéré. Celle-ci reconnaît son appartenance au Hezb-i-Islami, mais récuse tout lien avec Al-Qaïda.

Il ne reste plus qu'un détenu afghan à Guantanamo. Muhammad Rahim y est arrivé en mars 2008. Il a été accusé par la CIA d'être un associé proche du chef d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden. Les talibans se sont dits vendredi "optimistes" sur sa libération prochaine.

ats, afp

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