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Soudan du Sud: les dirigeants ont détourné 73 millions depuis 2018

Les détournements de fonds épinglés par la Commission des droits de l'homme sur le Soudan du Sud ont contribué à alimenter des violences dans ce pays (archives). © KEYSTONE/AP/SAMIR BOL
Les détournements de fonds épinglés par la Commission des droits de l'homme sur le Soudan du Sud ont contribué à alimenter des violences dans ce pays (archives). © KEYSTONE/AP/SAMIR BOL


Publié le 23.09.2021


Les dirigeants sud-soudanais ont détourné plus de 73 millions de dollars depuis 2018, selon les enquêteurs onusiens. Ce montant ne constitue qu'une partie de ceux utilisés frauduleusement depuis longtemps, disent-ils dans un rapport présenté jeudi à Genève.

Dans l'enveloppe en cause, près de 39 millions de dollars (plus de 35 millions de francs) ont été détournés en deux mois, affirment les membres de la Commission des droits de l'homme sur le Soudan du Sud, dont le Genevois Andrew Clapham. Le président Salva Kiir lui-même avait admis en 2012 que des membres des classes aisées du pays avaient détourné 4 milliards de dollars.

Selon le rapport de la Commission, présenté jeudi devant le Conseil des droits de l'homme, l'utilisation systématique d'argent public de manière illégale a "gravement sapé" les droits humains des citoyens. Elle alimente également le conflit interne, les violations et les crimes graves.

Autre reproche, un système informel de collecte des revenus du pétrole a été établi, sans surveillance indépendante. Des dispositifs irréguliers pour le paiement de contrats, les attributions et les revenus fonctionnent de manière illégale.

Ces crimes associent des responsables politiques, des fonctionnaires, des entreprises internationales, des militaires ou encore des banques, relève la présidente de la Commission, Yasmin Sooka. Elle cible également la complicité du ministère des finances et de l'administration fiscale.

Plusieurs individus sur une liste

Ces activités violent la législation nationale et le droit international, insiste de son côté M. Clapham. Les Etats partie à la Convention de l'ONU contre la corruption devraient avoir à rapatrier les fonds utilisés pour acheter des maisons en dehors du pays, encore selon lui.

Le rapport met également en cause les entreprises pétrolières, responsables de dégradations de l'environnement et de la santé qui auraient pu être évitées.

Autre problème, les autorités et les classes aisées ont davantage financé les dispositifs militaires et de sécurité plutôt que les infrastructures publiques, déplore un autre membre de la Commission, Barney Afako. Les enquêteurs appellent le gouvernement à appliquer rapidement l'accord de paix révisé qui rassemble des composantes sur cette question.

Des individus ont été ajoutés à la liste confidentielle de la Commission sur les responsables de violations des droits humains. Celle-ci, remise à la Haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet, doit permettre de soutenir des investigations et des poursuites.

ats

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