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Mort de Bouteflika: autorités embarrassées et citoyens hostiles

Abdelaziz Bouteflika avait annoncé sa démission de la présidence en avril 2019 après des semaines de manifestations massives contre sa volonté de briguer un cinquième quinquennat (archives). © KEYSTONE/AP entv
Abdelaziz Bouteflika avait annoncé sa démission de la présidence en avril 2019 après des semaines de manifestations massives contre sa volonté de briguer un cinquième quinquennat (archives). © KEYSTONE/AP entv
Abdelaziz Bouteflika avait annoncé sa démission de la présidence en avril 2019 après des semaines de manifestations massives contre sa volonté de briguer un cinquième quinquennat (archives). © KEYSTONE/AP entv
Abdelaziz Bouteflika avait annoncé sa démission de la présidence en avril 2019 après des semaines de manifestations massives contre sa volonté de briguer un cinquième quinquennat (archives). © KEYSTONE/AP entv


Publié le 18.09.2021


La mort d'Adbelaziz Bouteflika a suscité peu de commentaires à Alger samedi, aussi bien dans les médias que dans la rue, mis à part une certaine rancoeur palpable. L'ex-président avait été chassé du pouvoir en avril 2019 par les manifestations du mouvement Hirak.

M. Bouteflika, resté 20 ans à la tête de l'Algérie (1999-2019), un record de longévité dans ce pays, est décédé vendredi à l'âge de 84 ans, deux ans et demi après son spectaculaire départ du pouvoir.

Omniprésent durant des décennies mais devenu quasi invisible depuis un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013, M. Bouteflika n'avait donné aucun signe de vie depuis que la rue et l'armée l'avaient contraint à la démission, le 2 avril 2019.

Drapeaux en berne

Et il a fallu plusieurs heures aux autorités pour réagir en décrétant que les drapeaux seraient mis en berne "pendant trois jours" à compter de samedi. Une décision prise par le président Abdelmadjid Tebboune, après "le décès de l'ancien président, le Moudjahid (combattant de l'indépendance, ndlr) Abdelaziz Bouteflika", selon un communiqué présidentiel.

Les radios et télévisions locales ont brièvement fait état du décès, sans y consacrer d'émissions spéciales. Les radios ont continué de diffuser de la musique et du divertissement alors que l'information a figuré en entrefilet sur le site du journal gouvernemental El Moudjahid.

Aucune annonce officielle n'a été faite sur la date et le lieu des funérailles. Des médias ont affirmé que l'ex-président serait inhumé dimanche au carré des martyrs du cimetière d'El-Alia, dans l'est d'Alger. C'est là que reposent tous ses prédécesseurs, aux côtés des grandes figures et martyrs de la guerre d'indépendance (1954-1962).

D'autres ont affirmé, citant des sources proches de sa famille, qu'il serait enterré dans l'intimité dans un cimetière à Ben Aknoun, sur les hauteurs de la capitale, où reposent sa mère et deux de ses frères.

Commentaires acrimonieux

Dans la rue, les Algériens n'étaient pas indifférents à la mort du président déchu, accueillie par un flot de commentaires acrimonieux. "Paix à son âme. Mais il ne mérite aucun hommage car il n'a absolument rien fait pour le pays", lance à l'AFP Rabah, un marchand de fruits et légumes à El Achour, sur les hauteurs de la capitale.

Pour Malek, un employé des télécommunications, M. Bouteflika "a été incapable de réformer le pays en dépit de son long règne" à la tête de l'Algérie.

"Il a eu droit à une vie dorée, y compris depuis qu'il a été évincé du pouvoir. Mais force est de constater que son héritage n'est pas des plus reluisants", abonde Mohamed, un menuisier de 46 ans.

D'autres estiment au contraire que "le pays s'est amélioré quand il est devenu président", en allusion au processus de réconciliation après la décennie noire, déclare à l'AFP TV Amer, plongeur dans un restaurant.

"Il était reçu dans n'importe quel pays du monde", a ajouté cet homme de 46 ans, en référence à son passé d'ancien chef de la diplomatie d'Ahmed Ben Bella et de Houari Boumédienne. Mustapha, un lycéen de 19 ans dans le district de Biskra, qui n'a connu que lui comme président, estime qu'il "a apporté du positif".

Chute en avril 2019

Depuis sa chute spectaculaire en avril 2019 sous la pression de l'armée et de la rue, celui que les Algériens appelaient familièrement "Boutef" s'était enfermé dans la solitude de sa résidence médicalisée de Zeralda, où il a continué à jouir de tous les privilèges, selon des médias.

Selon ce site d'information, M. Bouteflika est mort à Zeralda, entouré de sa soeur Zhor, son frère Nacer et d'autres membres de sa famille. Un autre de ses frères, Said, emprisonné pour des accusations de corruption, a demandé à assister aux obsèques, selon le site Sabqpress.

ats, afp

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