La Liberté

Moscou annonce la prise d'une ville-clé, frappes sur Sloviansk

L'armée russe affirme avoir conquis la ville de Lyssytschansk et toute la région de Lougansk. (archives) © KEYSTONE/AP/Efrem Lukatsky
L'armée russe affirme avoir conquis la ville de Lyssytschansk et toute la région de Lougansk. (archives) © KEYSTONE/AP/Efrem Lukatsky
L'armée russe affirme avoir conquis la ville de Lyssytschansk et toute la région de Lougansk. (archives) © KEYSTONE/AP/Efrem Lukatsky
L'armée russe affirme avoir conquis la ville de Lyssytschansk et toute la région de Lougansk. (archives) © KEYSTONE/AP/Efrem Lukatsky


Publié le 03.07.2022


A la veille de la conférence de Lugano sur l'Ukraine, la Russie a affirmé dimanche avoir conquis Lyssytchansk et contrôler toute la région de Lougansk, avancée potentiellement clé dans la bataille du Donbass. Plus à l'ouest, des frappes ont fait six morts à Sloviansk.

Les forces russes et leurs alliés séparatistes ont pris "le contrôle complet de Lyssytchansk et d'autres villes proches", a annoncé un communiqué officiel cité par les agences de presse russes. Selon ce texte, le ministre de la Défense "Sergueï Choïgou a informé [Vladimir] Poutine de la libération de la république populaire de Lougansk", l'une des deux entités séparatistes, avec celle de Donetsk, combattant depuis 2014 pour faire sécession de l'Ukraine.

L'AFP n'était pas en mesure de vérifier ces informations sur le terrain. Si elle était confirmée, la prise de Lyssytchansk permettrait à Moscou de progresser dans son plan de conquête de l'intégralité du Donbass, région de l'est de l'Ukraine largement russophone et en partie contrôlée par les séparatistes depuis 2014.

Tirs meurtriers sur Sloviansk

Les forces russes pourraient alors avancer vers les villes de Sloviansk et Kramatorsk, plus à l'ouest. Des frappes russes ont touché plusieurs quartiers de Sloviansk, selon le maire de cette ville d'environ 100'000 habitants avant la guerre, Vadim Liakh, qui a fait état dimanche de "six morts et 15 blessés".

"Des tirs au lance-roquettes multiple sur Sloviansk, les plus importants depuis longtemps. Il y a quinze incendies", a ajouté M. Liakh dans une vidéo publiée sur Facebook. Une porte-parole de la région de Donetsk a réitéré l'appel des autorités aux habitants pour qu'ils quittent la région, alors que la ligne de front n'est plus qu'à quelques kilomètres de Sloviansk.

"La ville est en feu"

Dimanche matin, le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, avait laissé entendre que les forces ukrainiennes perdaient rapidement du terrain face aux assaillants à Lyssytchansk, qui comptait elle aussi 100'000 habitants avant le début de la guerre.

"La ville est en feu [...] les occupants ont jeté probablement toutes leurs forces sur Lyssytchansk" qu'ils attaquent avec "une méthode d'une brutalité inouïe", avait-il dit, évoquant un assaut beaucoup plus violent que sur la ville jumelle de Severodonetsk, tombée fin juin.

Néanmoins, dans un rapport publié dimanche, l'Institut pour l'étude de la guerre (ISW), basé à Washington, estime que les forces ukrainiennes "ont probablement procédé à un retrait délibéré de Lyssytchansk, entraînant la prise de la ville par la Russie".

Dès samedi, le représentant de l'armée séparatiste de Lougansk, Andreï Marotchko, avait publié sur Telegram une vidéo censée montrer la mairie de Lyssytchansk conquise par les forces russes.

Missiles ukrainiens abattus

L'armée russe a également affirmé avoir abattu dimanche à l'aube "trois missiles (ukrainiens) Totchka-U à sous-munitions" lancés contre la ville de Belgorod, proche de la frontière avec l'Ukraine. Un responsable local avait auparavant annoncé la mort d'au moins quatre personnes après des explosions.

Depuis l'invasion russe de l'Ukraine, le 24 février, Moscou a accusé Kiev à plusieurs reprises d'avoir frappé le sol russe, en particulier dans la région de Belgorod.

Siversk, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Lyssytchansk, pourrait être la prochaine bataille. Les forces ukrainiennes semblent vouloir s'appuyer sur une ligne de défense entre cette ville et Bakhmout, afin de protéger Sloviansk et Kramatorsk, deux villes à haute valeur symbolique.

Bombardements plus forts

Siversk a été pilonnée dans la nuit, ont raconté dimanche à l'AFP des habitants et un responsable local. "C'était intense et ça tirait de tous les côtés", a indiqué à l'AFP une femme réfugiée dans une cave d'immeuble.

"Depuis une semaine, les bombardements sur la ville ont progressivement augmenté, surtout ces derniers jours avec de l'artillerie lourde", a déclaré à l'AFP le premier adjoint au maire, Rouslan Bondarevskiï, alors que dans les locaux de la mairie, des cartons d'aide humanitaire de la Croix-Rouge étaient distribués dimanche aux habitants.

A Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine, dans le nord-est, les habitants ont été réveillés une nouvelle fois à 04h00 du matin "par des attaques de roquettes" russes, selon le gouverneur de la région, Oleg Sinegoubov, qui a également fait état de "tirs" dans la matinée sur plusieurs districts.

A Melitopol, ville occupée par les forces de Moscou, l'armée ukrainienne a "mis hors service" dans la nuit de samedi à dimanche une base militaire russe, selon le maire en exil de la commune. Le chef de l'administration prorusse de la région, Evgueni Balitski, a indiqué que des maisons situées à proximité de la base avaient été endommagées et que des obus étaient "tombés sur le territoire de l'aérodrome", tout en assurant qu'il n'y avait pas de blessés.

"Idée absurde"

Dans un entretien accordé dimanche à la télévision allemande ARD, le chancelier Olaf Scholz a déclaré qu'une "capitulation sans condition" de l'Ukraine, comme l'exige M. Poutine "ou une paix imposée" à l'Ukraine n'étaient "pas acceptable".

"Quand je parle avec Poutine, je lui dis toujours: gardez à l'esprit que les sanctions que nous [l'Union européenne, ndlr] imposons à la Russie actuellement resteront", a-t-il ajouté, "l'idée d'une paix qui serait imposée est absurde, vous devriez plutôt concentrer vos efforts pour parvenir à un règlement juste avec l'Ukraine".

Dans un message vidéo samedi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénombré "2610" villes et villages "sous occupation russe". Mais depuis le début de la guerre, l'armée ukrainienne est "parvenue à en libérer 1027", a-t-il assuré.

Reconstruction discutée à Lugano

"Des centaines ont été complètement détruits par l'armée russe et doivent être totalement reconstruits", a-t-il ajouté. La question de la reconstruction du pays doit être au coeur de la conférence de Lugano lundi et mardi.

"Il est non seulement nécessaire de reconstruire tout ce que les occupants ont détruit, mais aussi de poser de nouvelles fondations pour notre vie, pour une Ukraine, sûre, moderne", a-t-il ajouté. Pour lui, cela doit passer par des "investissements colossaux" et des "réformes".

M. Zelensky ne sera pas physiquement présent au Tessin. Mais son premier ministre Denys Chmygal a atterri dimanche à Agno (TI), où il a été accueilli par le président de la Confédération Ignazio Cassis. Il dirige une délégation officielle de plus de 60 personnes, dont plusieurs ministres. S'ajoutent aussi une quinzaine de parlementaires.

ats, afp

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11