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Le langage simplifié, utile mais cher

Environ 70'000 Fribourgeois profiteraient de l'introduction du langage simplifié pour la rédaction de certains documents officiels. Mais une telle mesure aurait un coût important, pour l'heure difficile à estimer, relève un rapport.

Selon l'Université de Fribourg, le langage simplifié devrait être appliqué en priorité dans les domaines suivants: prestations de l’AVS, chômage, permis de séjour, aide sociale ou brochures pour les votations. © Alain Wicht
Selon l'Université de Fribourg, le langage simplifié devrait être appliqué en priorité dans les domaines suivants: prestations de l’AVS, chômage, permis de séjour, aide sociale ou brochures pour les votations. © Alain Wicht

NM

Publié le 29.04.2022

Le langage simplifié peut être précieux pour les personnes rencontrant de grandes difficultés face à des textes et devant malgré tout exécuter au quotidien de nombreuses tâches administratives. Mais cela a un coût, particulièrement dans un canton bilingue. C'est ce qu'indique un rapport d'une quarantaine de pages rendu public vendredi et faisant suite à un postulat des anciennes députées Andréa Wassmer (ps) et Gabrielle Bourguet (centre) accepté en 2020 par le Grand Conseil fribourgeois. Objectif: étudier l’utilisation, dans le cadre de la ­rédaction de certains documents importants, des règles européennes visant à rendre l’information facile à lire et à comprendre. L'enjeu n'est pas anodin: le langage simplifié pourrait être utile à 22% de la population en Suisse, soit environ 2 millions de personnes à l'échelle nationale et 70'000 dans le canton de Fribourg. Cela concerne par exemple les personnes avec un handicap mental, dyslexiques, analphabètes fonctionnelles ou allophones.

Ce rapport rédigé par deux chercheuses de l’Université de Fribourg, France Santi et Cindy Diacquenod, remarque: «Le droit de recevoir des informations en langage simplifié est inscrit dans plusieurs textes juridiques ou constitutionnels. Ces textes invitent, parfois obligent, la Confédération et les cantons à proposer leurs informations dans un format accessible pour ne discriminer personne». Mais cette obligation est limitée par deux facteurs: le fait que les dispositions pour l’information accessibles ne soient formulées qu'en termes très abstraits et le principe de proportionnalité, qui prend notamment en compte l'aspect éphémère d'une information. Néanmoins, différentes administrations s'y sont déjà mises. Par exemple, la ville de Berne propose quelques informations de base concernant la gestion des déchets ou encore la garde d’enfants. Le canton de Soleure, quant à lui, a publié un flyer en langage simplifié au sujet du Covid-19.

A Fribourg, selon France Santi et Cindy Diacquenod, le langage simplifié devrait être appliqué en priorité dans les domaines suivants: prestations de l’AVS, de l’AI, chômage, permis de séjour, aide sociale ou brochures pour les votations. Néanmoins, le coût d'une telle démarche n'a pas pu être chiffré précisément. Le rapport de l'Université de Fribourg met sur la table plusieurs propositions de mesures, comme sensibiliser le personnel. Les chercheuses écrivent: «Le langage simplifié n’est pas naturel et va à l’encontre de la rédaction standard. Il faut donc faire comprendre et adopter le langage simplifié par le personnel, et ce à tous les niveaux. Non seulement les rédacteurs, mais aussi les spécialistes (par exemple les juristes) et les cadres». De son côté, le Conseil d’Etat s’engage à analyser ce qu’il peut entreprendre.

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