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Pékin adopte à marche forcée une loi sur la sécurité sur Hong Kong

Carrie Lam, la chef de l'exécutif de Hong Kong, a refusé de dire si la loi sur la sécurité nationale avait été approuvée. © KEYSTONE/EPA/JEROME FAVRE
Carrie Lam, la chef de l'exécutif de Hong Kong, a refusé de dire si la loi sur la sécurité nationale avait été approuvée. © KEYSTONE/EPA/JEROME FAVRE
Des supporters pro-chinois fêtent à Hong Kong l'adoption par le Parlement chinois de la loi controversée sur la sécurité nationale dans le territoire semi-autonome. © KEYSTONE/AP/Kin Cheung
Des supporters pro-chinois fêtent à Hong Kong l'adoption par le Parlement chinois de la loi controversée sur la sécurité nationale dans le territoire semi-autonome. © KEYSTONE/AP/Kin Cheung
La police fait bonne garde alors que des manifestants pro-démocratie protestent mardi dans un centre commercial de Hong Kong. © KEYSTONE/AP/Vincent Yu
La police fait bonne garde alors que des manifestants pro-démocratie protestent mardi dans un centre commercial de Hong Kong. © KEYSTONE/AP/Vincent Yu
Des supporters pro-chinois fêtent à Hong Kong l'adoption par le Parlement chinois de la loi controversée sur la sécurité nationale dans le territoire semi-autonome. © KEYSTONE/AP/Kin Cheung
Des supporters pro-chinois fêtent à Hong Kong l'adoption par le Parlement chinois de la loi controversée sur la sécurité nationale dans le territoire semi-autonome. © KEYSTONE/AP/Kin Cheung


Publié le 30.06.2020


La Chine a adopté mardi une loi controversée sur la sécurité nationale à Hong Kong, suscitant des condamnations au niveau international. Ce texte est perçu par ses détracteurs comme une manière de museler l'opposition dans le territoire autonome.

Ignorant les appels des Occidentaux, le parlement national a voté à l'unanimité ce texte qui intervient un an après le début des manifestations monstres dans l'ex-colonie britannique contre l'influence du gouvernement central.

Échaudé par ces évènements, Pékin aura imposé en quelques semaines cette loi qui contourne le conseil législatif local et fait craindre à l'opposition hongkongaise un recul inédit des libertés depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997.

La nouvelle législation a été promulguée dans la foulée par le président chinois Xi Jinping et incorporé dans la "Loi fondamentale", qui sert depuis 1997 de mini-constitution à Hong Kong.

Le texte devait entrer en vigueur mardi déjà, a précisé la cheffe de l'exécutif hongkongais Carrie Lam. Dans un message vidéo diffusé à l'ouverture de la 44e session du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU à Genève, Mme Lam a encore affirmé que la nouvelle loi ne visait qu'une "très petite minorité" de personnes.

Plus explicite, le Bureau des affaires de Hong Kong et Macao a parlé d'"un glaive" suspendu au-dessus de la tête de ceux qui menacent la sécurité nationale. "Pour la grande majorité des habitants de Hong Kong (...) la loi est un ange gardien qui défend leurs libertés", selon un communiqué.

"Séparatisme", "terrorisme", "subversion"

Pour le gouvernement central, il s'agit avec cette loi d'assurer la stabilité, de mettre fin au vandalisme ayant émaillé les manifestations de 2019 dans la ville de 7,5 millions d'habitants, ainsi que d'y réprimer le courant pro-indépendance.

Pour l'opposition pro-démocratie de Hong Kong et pour plusieurs pays occidentaux dont les Etats-Unis, cette loi constitue une attaque contre l'autonomie et les libertés du territoire.

Difficile pour l'heure de connaître les réelles conséquences du texte: son contenu précis n'a pas encore été publié. L'agence de presse officielle Chine nouvelle en avait toutefois donné en juin les grandes lignes, affirmant que la loi entend réprimer le "séparatisme", le "terrorisme", la "subversion" et la "collusion avec des forces extérieures et étrangères".

"La fin"

Un "organe de sécurité nationale", relevant directement du gouvernement central, devrait par ailleurs être institué à Hong Kong - une première. Il serait chargé de collecter des informations et de poursuivre les crimes contre la sécurité nationale.

L'idée de confier à un organisme du pouvoir chinois des prérogatives dans le territoire autonome inquiète fortement l'opposition locale. Car la séparation des pouvoirs n'existe pas en Chine continentale, dirigée par le PCC.

"Cela marque la fin de Hong Kong tel que le monde la connaissait. Avec des pouvoirs étendus et une loi mal définie, la ville se transformera en un #étatdepolicesecrète", a twitté mardi Joshua Wong, l'une des figures du mouvement pro-démocratie hongkongais.

Le parti politique Demosisto, qu'il a fondé avec d'autres militants en 2014, a annoncé mardi sa dissolution. Cette formation appelait notamment à l'auto-détermination du territoire - une position qui pouvait potentiellement tomber sous le coup de la nouvelle loi.

Depuis sa rétrocession, Hong Kong jouit d'une large autonomie par rapport à la Chine continentale, en vertu du principe "Un pays, deux systèmes". Les Hongkongais bénéficient ainsi de la liberté d'expression, de la liberté de la presse et d'une justice indépendante.

L'UE condamne

Les gouvernements occidentaux s'inquiétent pour le statut international de la ville, l'une des principales places financières mondiales. Cette loi "risque de miner sérieusement le principe 'Un pays, deux systèmes' et le haut degré d'autonomie ainsi que la prospérité de Hong Kong", a réagi mardi pour l'AFP Nicolas Chapuis, ambassadeur de l'Union européenne (UE) en Chine.

Les ministres des Affaires étrangères du G7 avaient également appelé à revenir sur ce projet. Anticipant le vote, Washington avait annoncé lundi la fin des ventes d'équipement de défense sensible à Hong Kong pour éviter "qu'il tombe aux mains" de l'armée chinoise. Pékin a promis mardi des "représailles".

Les Etats-Unis ont déjà décrété dès la semaine dernière des restrictions de visas pour les responsables chinois accusés de "remettre en cause" l'autonomie du territoire. La Chine a répliqué avec une mesure similaire visant les Américains "s'étant mal comportés" en critiquant la loi.

ats, afp

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